top of page

Une séparation : une radiographie de la société iranienne

SUGGESTION DU MOIS DE SEPTEMBRE 2025 /


Un de mes buts en rédigeant ce blogue est de faire mieux connaître de bons films qui passent souvent inaperçus, principalement parce qu'ils ne sont pas distribués dans les salles de cinéma au Québec. Près de 80% des écrans au Québec sont monopolisés par les films hollywoodiens ne laissant peu de place au cinéma québécois et surtout aux films provenant d’ailleurs qui ne sont accessibles que par le biais de cinémas répertoire comme le Beaubien à Montréal et le Clap à Québec.


À part quelques films français et britanniques, le cinéma international est très peu projeté au Québec. Pourtant, les festivals de Cannes, de Venise et de Berlin reconnaissent de plus en plus le cinéma d’autres pays lui octroyant très souvent leurs plus grands honneurs. C'est justement le cas cette année lorsque le Festival de Cannes a décerné la Palme d'or au film iranien Un simple accident de Jafar Panahi.


Un simple accident, film iranien qui a remporté la Palme d'or 2025 à Cannes
Un simple accident, film iranien qui a remporté la Palme d'or 2025 à Cannes

Le cinéma iranien


Le cinéma iranien possède une longue histoire. Il a toutefois été particulièrement marqué par l'instauration de la république islamique en 1980, les femmes et l'amour étant pratiquement bannis des écrans pendant la première décennie suivant la révolution. En l'absence d'une presse libre, le cinéma devient le vecteur de la critique sociale en Iran et est rapidement reconnu au delà des frontières. À partir des années 90,

des films sont paroxalement distribués à l'étranger alors qu''ils sont interdit en Iran.


Le succès du cinéma iranien est confirmé par les nombreux prix qu'il décrochent dans les festivals internationaux. Toutefois, les films sont toujours sujets à la censure de l'état et certains réalisateurs l'ont appris à leur dépens en faisant de la prison ou en devant s'exiler pour faire des films. C'est le cas tout récemment des 2 réalisateurs iraniens du film My Favourite Cake (2024) qui ont été condamnés pour « propagande contre le régime », et « obscénité », à 14 mois de prison avec sursis chacun.


Ce mois-ci je vous présente un très grand film iranien, Une séparation, réalisé en 2011 par le cinéaste Asghar Farhadi.


Simin, éducatrice, tente d'obtenir son divorce
Simin, éducatrice, tente d'obtenir son divorce

Le film débute dans le bureau d'un juge lorsqu’une femme (Simin) tente d'obtenir le divorce de son époux (Nader) pour qu'elle puisse quitter le pays afin d’obtenir pour sa fille (Termeh) de meilleures conditions de vie et un avenir plus prometteur. Le divorce étant beaucoup plus difficile à obtenir pour une femme qu’un homme en Iran, Nader, qui a l'allure d'un mari exemplaire, le refuse, car il ne veut pas voir disparaître Termeh à l'étranger et parce qu'il doit aussi s'occuper de son père qui souffre de la maladie d'Alzheimer. Le juge n'octroyant pas le divorce, Simin décide d'aller vivre chez sa mère et Nader engage une gardienne (Razieh) pour son père. Toutefois, cette dernière ne peut pas répondre convenablement aux attentes de Nader. Il l'accuse de façon brutale de négligence et d'avoir mis la vie de son père en péril. L'affaire prend des proportions insoupçonnées et se ramasse devant les tribunaux.


Termeh, fille de 11 ans, est déchirée par le divorce possible de ses parents
Termeh, fille de 11 ans, est déchirée par le divorce possible de ses parents
Nader doit prendre soin de son père atteint de la maladie d'Alzheimer
Nader doit prendre soin de son père atteint de la maladie d'Alzheimer
Razieh, l'aide-soignante engagée par Nader
Razieh, l'aide-soignante engagée par Nader
Nader et Razieh lors d'un différend
Nader et Razieh lors d'un différend

Le film décrit admirablement bien la situation en Iran. « On y procède à une fascinante radiographie du peuple iranien, sous ses dimensions sociales, légales, familiales et religieuses » (Médiafilm). « Le scénario d’Asghar Farhadi rebondit sans cesse pour se transformer en véritable suspense aussi haletant que tendu. Politique et humain, sensible et rationnel, humaniste et généreux, Une séparation est un conte d’émancipation vouée à l’échec ; un suspense sans arme ; une chronique sociale refusant de donner des leçons ; une étude sur le fonctionnement administratif ; un regard débordant de tendresse (mais jamais dénué de lucidité) sur ces hommes et ces femmes ; un cours de justesse d’interprétation magistral… Mais c’est surtout un grand film, d’une richesse extraordinaire, inépuisable de ceux qui résonnent longtemps dans l’esprit des personnes, chanceuses, qui le voient » (Helen Faradji, Radio-Canada).


Nader et sa fille Termeh se cachent des vérités
Nader et sa fille Termeh se cachent des vérités

Tous les personnages dans le film, du plus petit rôle aux rôles principaux, sont étonnants de justesse et de vérité. De mon point de vue, l’un des intérêts majeurs du film repose sur la recherche de la vérité, ce qui est présent tout au long du film.


Le film Une séparation a remporté l'Ours d'or au Festival de Berlin de 2011 et s'est vu également remettre l'Ours d'argent du prix d'interprétation à l'ensemble des comédiens et comédiennes. Par la suite, le film a récolté 87 prix et 53 nominations au niveau international, dont le prestigieux prix de l'Oscar du meilleur film étranger à Hollywood.



Oscar du meilleur film étranger remis à Asghar Farhad pour son film Une séparation
Oscar du meilleur film étranger remis à Asghar Farhad pour son film Une séparation

Le film a reçu des éloges autant des critiques que du public. Le site Rotten Tomatoes lui a octroyé les cotes de 99% (critiques) et de 92% (public). Le site Médiafilm lui a émis la remarquable cote 2. Marc Cassivi de La Presse dans son article « Mes 25 films préférés du début de siècle » paru en juillet 2025, le classe en 3e position, alors que Helen Faradji de Radio-Canada dans son article « Une séparation est-il un chef-d’œuvre? » paru en 2018 répond bel et bien « oui » et qualifie le film d'un petit miracle venu d’ailleurs.


ree

Asghar Farhadi est considéré comme le plus grand cinéaste iranien. Plusieurs de ses 13 autres longs-métrages ont été primés, dont About Eli (2009, Ours d'argent à Berlin pour meilleur directeur), The Salesman (2016, Oscar du meilleur film étranger), et plus récemment A Hero (2021, le Grand prix du Jury au Festival de Cannes).


Asghar Farhadi lors du tournage d’Une séparation
Asghar Farhadi lors du tournage d’Une séparation

***À noter que le film Une séparation sera présenté à Télé-Québec le vendredi 12 septembre à 23h30.***


La Filmothèque des voisins dispose d’une copie sur support DVD doublée en français et en version originale sous-titrée en français. Il est aussi possible d'emprunter le DVD à partir du Réseau des bibliothèques de la ville de Montréal et du Réseau des bibliothèques de la ville de Québec.

 

La Filmothèque des voisins possède aussi le plus récent film de Asghar Farhadi, A Hero (2021), et le film iranien Women Without Men (2011) du réalisateur Shirin Neshat.

 

Bon cinéma !

 

Un gros merci à ma conjointe Barbara pour son travail de révision et de correction.





1 commentaire


Très bon choix. Je me souviens d’avoir vu ce film à l’époque et j’avais été très touchée. Je le regarderai à nouveau. Merci pour la suggestion.

J'aime

© 2023 par SUR LA ROUTE. Créé avec Wix.com

bottom of page