Comme nous l’avons décrit dans l’article précédent, le producteur et le distributeur tentent souvent de présenter leur film dans un festival afin de remporter un prix pour mousser sa popularité et promouvoir une distribution au niveau international. Au niveau national, ils effectuent une campagne de promotion avant et après le lancement officiel du film. À la suite de la première du film, les critiques provenant des journalistes et aussi du public ont une influence majeure sur le degré de succès du film en salle.
Promotion et lancement
Souvent, une campagne promotionnelle est préparée plusieurs mois à l’avance de la sortie d’un film. Au Québec, lorsque les producteurs bénéficient d’un budget relativement important (plus de 3 millions $) et qu’ils prévoient des retombées significatives, un montant substantiel peut être consacré à la promotion de leur film. Cela a été le cas pour le film Louis Cyr qui a dépensé près de 800 000 $ en publicité de toutes sortes.
La promotion d’un film commence bien souvent lors du tournage et une équipe particulière est parfois dédiée à la réalisation d’un documentaire du type « Making of ». L’équipe filme le réalisateur et les acteurs en action et effectue des entrevues sur le plateau. Le documentaire se retrouve habituellement dans les suppléments des supports DVD ou Blu-ray, et peut aussi être présenté sur le Web ou même à la télévision quelques jours avant le lancement du film (par exemple le Making of du film Ville-Marie).
Les publicités accrocheuses (les « teasers ») et la bande-annonce sont également produites et diffusées bien avant la sortie du film. Par exemple, pour le film Kuessipan qui a pris l’affiche en octobre dernier, le dévoilement de l’affiche et du « teaser » a eu lieu en avril et la bande-annonce fut mise sur le Web au début du mois d’août. De plus, une série de capsules intitulées dans les coulisses furent diffusées sur YouTube avant et après le lancement du film.
Dans certains cas, de la publicité gratuite peut être créée par les médias. Ce fut le cas avec le reportage de Maxime Bilodeau au Téléjournal de Radio-Canada sur la fin de tournage du film Kuessipan et la réalité des Innus sur la Côte-Nord. Le reportage d’une durée de 6 minutes a été diffusé à la fin août.
La campagne promotionnelle prévoit aussi des entrevues radiophoniques et des présences dans les « Talk Shows » à la télévision, et ce, quelques jours avant le lancement du film. De cette façon, le réalisateur et les acteurs sont appelés à contribuer à maximiser la visibilité du film.
Le lancement à Montréal d’un film québécois de moyen ou de gros budget se tient la plupart du temps le jeudi soir au Cinéma Impérial et sur invitation seulement. Y participent les vedettes et l’équipe de production du film, le grappin culturel et artistique, les gens de l’industrie, les critiques ainsi que quelques membres du public, les chanceux gagnants de billets pour assister à l’événement.
Réception par les critiques et le public
Les journalistes spécialisés en cinéma ont habituellement la chance de voir les films avant leur sortie officielle, soit en avant-première, en projection privée ou lors de festivals. Les journalistes ont souvent un impact important sur le degré de succès commercial d’un film. Ils attribuent une cote d’évaluation de 1 à 5 étoiles, une cote de 2 étoiles et moins pouvant être fatale à la rentabilité du film.
⭐⭐⭐⭐⭐ Chef-d’oeuvre (91-100)
⭐⭐⭐⭐1/2 Remarquable (81-90)
⭐⭐⭐⭐ Excellent (71-80)
⭐⭐⭐1/2 Très bon (61-70)
⭐⭐⭐ Bon (51-60)
⭐⭐1/2 Moyen (41-50)
⭐⭐ Passable (31-40)
⭐1/2 Pauvre (21-30)
⭐ Très pauvre (11-20)
1/2 Minable (1-10)
Chacun des principaux quotidiens au Québec publie leurs critiques des films nouvellement à l’affiche dans leurs éditions du vendredi ou samedi. Marc-André Lussier et André Duchesne de La Presse, François Lévesque et Odile Tremblay du Devoir et Maxime Demers du Journal de Montréal sont les principaux journalistes attitrés. Le Devoir publie depuis quelques mois Le courrier des écrans, une infolettre fort intéressante qui présente toutes les nouveautés cinématographiques (le meilleur et le pire des écrans, petits et grands). À noter que sa publication a été interrompue pendant la crise du Covid-19.
Les revues spécialisées de cinéma présentent des critiques et surtout des analyses des films déjà ou prochainement à l’affiche. Au Québec, on a la chance d’avoir 3 excellentes revues de cinéma : Séquences, 24 Images et Ciné-Bulles. En France, 2 revues se démarquent du lot : la revue Première pour le grand public et Les Cahiers du cinéma pour les cinéphiles. Aux États-Unis, la revue Variety fait office de référence. Toutes ces revues sont disponibles en kiosque ou par abonnement en ligne. Panorama cinéma est une des seules revues gratuites et disponibles sur le Web qui présentent un contenu vraiment intéressant et de qualité. Enfin, Rotten Tomatoes est le site Web le plus populaire dans l’évaluation des films (surtout ceux de langue anglaise). Il présente une note sur 100 attribuée par les critiques et une autre note donnée par le public. Ces deux évaluations peuvent différer substantiellement et il est souvent très intéressant de pouvoir tenir compte des différents points de vue.
À noter que le public joue maintenant un rôle aussi, sinon plus, important que les journalistes dans le degré de succès d’un film. De plus en plus, les gens sont invités à commenter et à donner une cote d’évaluation sur divers sites Web et sur les médias sociaux. Par exemple, les sites Cinéma Montréal et Cinoche, en plus du site du Cinéma Beaubien, offrent la possibilité de laisser vos commentaires sur les films. Les opinions peuvent être très polarisées et il est parfois difficile de faire le partage de ces critiques, mais de plus en plus de gens se fient aux commentaires du public pour prendre une décision. Sur les médias sociaux, un billet sur Facebook ou sur Twitter partagé par des milliers de personnes peut grandement influencer les gens à visionner ou non un film.