SUGGESTION DU MOIS DE DÉCEMBRE 2021 /
Je vous présente ce mois-ci l'un des films les plus attendus de l'année. Premièrement à cause de la notoriété de la réalisatrice Jane Campion qui n'avait pas tourné de film depuis plus de 12 ans., Mais aussi parce que la critique qui précède ce film a été dithyrambique (95 % Rotten Tomatoes, 4,5 étoiles, Le Devoir).
The Power of the Dog ou Le pouvoir du chien (voir la bande-annonce) est un drame familial historique, mais résolument moderne qui s'inscrit dans un cadre de Western. Mon amie Chantal Robinson l'a très bien défini comme étant un croisement entre La Leçon de piano et Brokeback Mountain.
L'action du film se passe dans l'Ouest américain en 1925. Les frères Burbach, tous les deux dans la quarantaine, sont héritiers de l'un des plus grands ranchs du Montana. Phil, l'ainé, est brillant et cruel, alors que George le cadet est doux, sensible et résilient. George se laisse même régulièrement insulter par son frangin. Leur relation implose le jour où sans avertissement George épouse Rose, une veuve avec qui il est tombé amoureux, et il la ramène au ranch. Furieux, Phil entreprend de détruire Rose psychologiquement. Il s'en prend aussi cruellement à Peter son fils homosexuel, étudiant en médecine, qui passe ses vacances d'été au ranch.
L'intérêt du film est bien décrit par François Lévesque (Le Devoir, 17 novembre 2021) : « … derrière sa posture virile, Phil n’a qu’une puissance illusoire et qu'à l’inverse, une force insoupçonnée anime le frêle Peter. Phil représente une vision passée (et passéiste) de la masculinité ; une masculinité, de refoulements en interdits, rendue toxique. Peter, lui, incarne une modernité qui fait fi des carcans. »
À noter que la cinématographie du film est tout à fait remarquable et certaines scènes nous rappellent des images des films de Terrence Malick (Days of Heaven). La musique lancinante composée principalement d'instruments à cordes (notamment la contrebasse) apporte également une atmosphère très particulière au film. La bande originale, signée Jonny Greenwood, est d’une rare puissance.
Le film met en vedette l'acteur Benedict Cumberbatch (dans le rôle de Phil Burbank) que l'on connait grâce à la populaire série Sherlock Holmes (2010-2017) et au film oscarisé The Imitation Game (2015). Il ne serait pas surprenant qu'il remporte cette année l'Oscar du meilleur acteur. Kristeen Duntz, dans le rôle de Rose Gordon, qu'on a vu entre autres dans Melancholia (2011), Spiderman 1, 2 et 3 (2002-2007) et Marie-Antoinette (2006), joue la femme de l'autre frère, George Burbank interprété par Jesse Plemons. À noter que Duntz et Plemons sont en couple dans la vraie vie depuis près de 5 ans. Plemons fût remarqué dans les séries Friday Night Lights (2006-2011) et Breaking Bad (2012-2013), et plus récemment dans le film The Irishman (2019). Enfin, Kodi Smit-McPhee interprète le jeune Peter Gordon. Il s'est fait connaître en jouant le rôle du fils dans le film The Road (2009) dans lequel le père était interprété par Viggo Mortensen.
The Power of the Dog est une adaptation du roman éponyme paru en 1967 de l'écrivain américain Thomas Savage,. C'est le producteur québécois Roger Frappier qui il y a huit ans a acquis les droits cinématographiques du roman. Il a reçu quelques offres qui n’ont pas abouti jusqu’à ce que la célèbre réalisatrice australienne Jane Campion (An Angel at My Table, 1988 ; The Piano, 1993 ; The Portrait of a Lady,1996 ; Holy Smoke, 1999) le contacte. Les deux se sont rencontrés à Cannes en 2017 et se sont rendus au Montana pour rencontrer les héritiers de Thomas Savage afin d'y trouver l'inspiration. Le film fut toutefois tourné entièrement en Nouvelle-Zélande en 55 jours avec un arrêt de 4 mois et demi à cause de la pandémie.
Le film a remporté cette année le prix du meilleur film au Festival de San Sébastian et Jane Campion a gagné le Lion d'argent du meilleur réalisateur au Festival de Venise. Le film qui est financé par Netflix a de grandes ambitions pour la prochaine course aux Oscars. Pour y être admissible, le film doit préalablement être présenté, au moins dans un cinéma, une dizaine de jours dans quelques villes en Amérique du Nord. À Montréal, il est à l'affiche jusqu'au 2 décembre à la Cinémathèque et au Cinéma du Musée. Il sera disponible sur Netflix à partir du 1er décembre 2021 et ne pourra être vu que sur cette plateforme par la suite. Le film ne sera disponible sur aucun autre support et ne sera jamais diffusé à la télévision.
La Filmothèque des voisins dispose du film The Piano (La Leçon de piano) de la réalisatrice Jane Campion, et gagnant de la Palme d'or et de nombreux oscars en 1993. Aussi des films mettant en vedette l'actrice Kristeen Duntz : Melancholia (2011), Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004), Marie-Antoinette (2005), Elizabethtown (2006), Spiderman (2002), Spiderman 2 (2004) et Spiderman 3 (2007). Tant qu'à Benedict Cumberbach, la filmothèque possède The Imitation Game (2014).
Bref, un très beau film marqué par la finesse, la sensibilité et la sensualité. Il présente certes certaines lenteurs mais qui sont compensées par la joute psychologique que se livrent les personnages tout au long du film. Une fin inattendue révèlera pourquoi le film s'intitule The Power of the Dog.
Bon cinéma !
Comments