SUGGESTION DU MOIS DE JUILLET 2024 /
Cette photo est tirée de la dernière scène du film Ordinary People (1980), film qui a révélé l'immense talent de l'acteur de Donald Sutherland dans un premier grand rôle dramatique. L'annonce de son décès la semaine dernière, à l'âge de 88 ans, a ébranlé tout le milieu cinématographique. Ayant joué dans près de 150 films et une cinquantaine de téléfilms ou de séries télévisées, Sutherland, ce grand gaillard de 6 pi 3 po, est considéré comme un monument du cinéma. Il a été salué par le magazine Variety comme l'un des acteurs de cinéma et de télévision les plus prolifiques et les plus polyvalents du siècle.
L'acteur canadien est né à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, et a grandi en Nouvelle-Écosse. Son enfance a été marquée par de graves maladies, dont une hépatite et la poliomyélite. Il a obtenu un diplôme en ingénierie de l'Université de Toronto, mais l'appel vers une carrière artistique l'a amené à faire des études en art dramatique à Toronto et, par la suite, à s'inscrire au Royal Academy of Dramatic Art à Londres. Pendant plusieurs années, il a pu perfectionner son jeu sur les scènes de nombreux théâtres en Angleterre et en Écosse.
Son expérience théâtrale lui a servi à personnifier une multitude de rôles au cinéma, s'immisçant aussi bien dans des personnages sympathiques, comiques, mystérieux ou même diaboliques. Après quelques apparitions à la télé britannique, Sutherland débute sa carrière cinématographique dans les années 60 et joue, entre autres, dans le film The Dirty Dozen de Robert Aldrich aux côtés de Charles Bronson et de Lee Marvin. Fort de ce succès au box-office, il quitte l’Angleterre et se rend à Hollywood où il décroche le rôle du Dr. Ben Hawkeye Pierce, un médecin sarcastique pendant la guerre de Corée, dans le film M*A*S*H (1970) de Robert Altman.
Il enchaîne avec sa performance si crédible de l'inspecteur John Klute dans le film Klute du réalisateur Alan Jay Pakula. Le film mettait en vedette Jane Fonda, avec qui il a entretenu une liaison. Ils ont milité ardemment ensemble contre la guerre du Vietnam.
Sutherland a joué régulièrement au cinéma tout au long de sa carrière qui s'est étendue sur plus de 60 ans. Toutefois, il s’est limité à des rôles secondaires à partir des années 90. Par contre, ces rôles n'en sont pas moins marquants et mémorables. On n'a qu'à penser à celui du colonel Mikhaïl Fetisov dans Citizen X (rôle pour lequel il remporte un prix Emmy et un Golden Globe), au rôle démoniaque du président Coriolanus Snow dans la série des films Hunger Games, ou encore au rôle de Monsieur X dans le film JFK d'Oliver Stone.
Sa filmographie est aussi variée que remarquable. Sa contribution exceptionnelle au septième art au cours des années 1970-1980 garantit à elle seule son statut d’immortel. Il a rarement joué deux fois sous la direction d'un même réalisateur, à l’exception du réalisateur québécois Christian Duguay avec qui il a travaillé 3 fois. Sutherland a tenu des rôles avec les plus grands cinéastes : Bernardo Bertolucci dans 1900 (1975), Frederico Fellini dans Casanova (1976), Claude Chabrol dans Les liens de sang (1977), Louis Malle dans Crackers (1984), Ron Howard dans Backdraft (1991), Barry Livingston dans Disclosure (1994), Fred Schepisi dans Six Degrees of Separation (1994), Clint Eastwood dans Space Cowboys (2000), Giuseppe Tornatore dans The Best Offer (2013), James Gray dans Ad Astra (2019) et Roland Emmerich dans Moonfall (2022).
Sutherland a été marié 3 fois et a eu 5 enfants. Sa deuxième épouse était l'actrice et militante canadienne Shirley Douglas, fille de Thomas Douglas, premier ministre de la Saskatchewan pendant 20 ans et fondateur de l'assurance-maladie au pays. Leur fils Kiefer Sutherland est l’acteur bien connu, entre autres, pour son rôle de Jack Bauer dans 24 Heures chrono.
Sa conjointe au moment de son décès, l'actrice québécoise Francine Racette, partageait sa vie depuis 1972. Donald Sutherland a toujours entretenu une relation privilégiée avec le Québec. Il possédait une maison sur le bord du lac Memphrémagog, dans l’Estrie et il a été un des plus grands fans et ambassadeurs des Expos de Montréal.
Curieusement, malgré toutes ces magnifiques prestations, Sutherland n'a jamais été mis en nomination pour un Oscar. Toutefois, il a reçu un Oscar honorifique pour l'ensemble de sa carrière en 2018. Son nom est gravé sur le renommé Hollywood Walk of Fame et l'an dernier Postes Canada lui a émis un timbre en son honneur.
Ordinary People (Des gens comme les autres)
Ce film m'avait marqué, je dirais même ébranlé, lors de sa sortie en 1980. J'avais rarement vu des personnages autant s'ouvrir émotivement devant une caméra. J’ai revu le film cette semaine et il m'a encore captivé du début à la fin. Il s'agit d'un très lourd drame psychologique familial, pas le genre de film que les gens veulent voir pour se détendre.
Dès le début du film, on se rend compte qu'il règne une atmosphère très lourde et malsaine au sein de cette famille bourgeoise qui habite dans une banlieue aisée au nord de Chicago. Le film est surtout centré sur le personnage de Conrad (Timothy Hutton), un adolescent d’environ 15 ans qui souffre psychologiquement à la suite de la mort de son frère Buck. On découvre son histoire au fur et à mesure du déroulement du film : il se sent terriblement coupable de l'accident de son frère, il est en dépression et il revient d'un séjour de plusieurs mois à l'hôpital après une tentative de suicide. Conrad a du mal à communiquer et à établir des relations normales avec ses parents et ses camarades de classe.
Le père de Conrad, Calvin, interprété par Donald Sutherland, tente de se rapprocher de son fils survivant tout en essayant de comprendre sa femme Beth (Mary Tyler Moore). Beth nie la perte de son fils Buck et essaie de continuer la vie telle qu'elle était avant l’accident. Beth qui semblait auparavant avoir privilégié son fils Buck, ne se soucie guère de Conrad. Elle évite de passer du temps avec lui et est déterminée à maintenir l'apparence de perfection et de normalité. Calvin tarde à prendre la pleine mesure de la mauvaise relation qui se développe entre sa femme et son fils.
Premier long-métrage réalisé par l'acteur Robert Redford, Ordinary People a connu un succès tout à fait inespéré enregistrant des recettes de près de 55 millions $ US au box-office nord-américain alors qu'il n'avait couté que 8 millions $ à produire. Le film a remporté 4 Oscars, dont les plus prestigieux : meilleur film de l'année, meilleure réalisation, meilleur scénario adapté et meilleur acteur de soutien (Timothy Hutton). Mary Tyler Moore et Judd Hirsch ont été mis respectivement en nomination pour l'Oscar de la meilleure actrice et celui du meilleur acteur dans un second rôle. Curieusement Donald Sutherland n'a pas été nommé ; il n'a reçu qu'une nomination aux Golden Globes pour meilleur acteur.
Toutefois, le choix d'Ordinary People comme meilleur film de l'année n'a pas fait l'unanimité auprès des critiques. Ceci n’a pas été à cause de la qualité du film, mais bien parce que deux autres très grands films de réalisateurs accomplis ont été ainsi écartés : Raging Bull de Martin Scorsese et The Elephant Man de David Lynch. Redford reçoit donc les plus grands honneurs de l'industrie cinématographique à sa toute première tentative en tant que réalisateur. Par la suite, Redford a réalisé 8 autres films, dont 2 qui sont des succès commerciaux, mais qui ne sont pas récompensés par des prix : A River Runs Through It (1992) et The Horse Whisperer (1998).
À noter que Redford, qui a joué en tant qu'acteur dans une cinquantaine de films, a contribué de façon remarquable au développement de l'industrie cinématographique indépendante aux États-Unis. En 1969, grâce au cachet reçu pour son rôle dans Butch Cassidy and the Sundance Kid, il a acheté une station de ski en Utah qu'il renomme Sundance, en référence à son dernier film. Il y fait bâtir une vaste maison écologique (construite avec les matériaux de l'écosystème local et qui utilise exclusivement de l'énergie solaire). En 1981, il y fonde le Sundance Institute, organisme qui soutient les artistes de l'industrie du film, et en 1985 il prend en charge le Festival du film de Sundance, le plus important festival de films indépendants aux États-Unis.
Ordinary People est disponible sur support DVD en version originale anglaise et en version française à la Filmothèque des voisins ainsi que dans le Réseau des bibliothèques de la Ville de Montréal.
Le film est aussi disponible sur YouTube en version doublée en français et en version avec sous-titres français.
La Filmothèque des voisins dispose d'autres films dirigés par Robert Redford:
A River Runs Through It (1992)
The Horse Whisperer (1998)
The Legend of Bagger Vance (2000)
La Filmothèque des voisins possèdent plusieurs films dans lesquels jouent:
Donald Sutherland
M*A*S*H (1970)
1900 (1975)
National Lampoon's Animal House (1977)
Backdraft (1991)
Outbreak (1994)
Citizen X (1995)
Space Cowboys (2000)
The Italian Job (2003)
Cold Mountain (2003)
Pride and Prejudice (2005)
L'Âge des ténèbres (2007)
The Eagle (2011)
Horrible Bosses (2011)
The Hunger Games (2012)
The Hunger Games: Catching Fire (2013)
The Hunger Games: Mockingjay - Part 1 and Part 2 (2014,2015)
Ad Astra (2019)
Timothy Hutton
French Kiss (1995)
Kinsey (2004)
The Good Shepherd (2006)
The Ghost Writer (2010)
All The Money In The World (2017)
Beautiful Boy (2018)
Judd Hirsch
Serpico (1973)
Independence Day (1996)
A Beautiful Mind (2001)
Tower Heist (2011)
The Fabelmans (2022)
Once Upon a Time in America (1984)
Bon cinéma !
Un gros merci à ma conjointe Barbara pour son travail de révision et de correction.
Comments