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Mélancholia : insolite mais surtout inoubliable

Photo du rédacteur: Jean St-AmantJean St-Amant

Suggestion du mois de juin 2021 /

Ce mois-ci, je vous présente l'un des films les plus étonnants que j'ai vu dans ma carrière de cinéphile et qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Il s'agit du film Mélancholia (2011) écrit et réalisé par le cinéaste danois Lars von Trier, l'un des plus grands réalisateurs au monde, au même rang que Kubrick, Scorsese, Coppola ou Loach.


Une introduction de 10 minutes présente en images fixes ou en extrême ralenti des extraits de scènes qui révèlent des éléments clés diffusés plus tard dans le film. Ces images sont accompagnées de l'imposante musique du prélude de Tristan und Isolde de Wagner. Avec un préambule aussi bizarre, on ne sait vraiment pas à quoi s'attendre de ce film. Toutefois, il ne faut pas se décourager (c'est l'originalité de Lars von Trier), le film reprend sous une forme tout à fait conventionnelle par la suite



La première partie du film s’intitule Justine. Justine (interprétée par Kirsten Dunst) et son amoureux Michael (Alexander Skarsgard) arrivent en retard à leur réception de mariage, laquelle est organisée à grands frais par la sœur de Justine, Claire (Charlotte Gainsbourg), et son beau-frère John (Kiefer Sutherland). Claire et John attendent impatiemment les nouveaux mariés devant leur maison-château située au bord de la mer. Juste avant d'entrer dans la demeure, Justine remarque qu'une étoile de couleur rouge luit plus que les autres, ce que confirme son beau-frère, astronome amateur, étonné par le sens d'observation de Justine.



Au début, la réception de mariage semble tout à fait conventionnelle si ce n'est des parents de Justine (Charlotte Rampling et John Hurt), divorcés depuis des années, qui viennent quelque peu troubler la fête par leurs comportements déplacés. Justine semble heureuse et amoureuse, et rien ne présage à ce qui va lui arriver au cours de la soirée.




Lors du discours en l'honneur des mariés, le patron de Justine (Stellan Skarsgård) lui annonce une promotion qui semble la laisser indifférente. En fait, Justine commence à se sentir très fatiguée et doit aller se reposer régulièrement dans sa chambre. On apprend par le biais de sa sœur que Justine souffre d'une certaine forme de dépression (ou de mélancolie). Claire s'inquiète beaucoup pour Justine et souhaite de tout cœur qu'elle soit heureuse, particulièrement le jour de son mariage. Justine agit de façon étrange et inattendue pendant toute la soirée ; elle laisse ses invités pour faire de grandes marches sur le golf avoisinant et même pour prendre un bain. L'attitude de Justine envers son amoureux change graduellement au cours de la soirée et ce dernier remet en question l'amour qu'elle semblait lui porter. Justine a des comportements de plus en plus surprenants, comme si une force extérieure l'envoûtait. Tôt le lendemain matin, Claire insiste pour que Justine l'accompagne pour faire de l'équitation et Justine remarque alors que l'étoile rouge a disparu.


La deuxième partie du film s’intitule Claire. L'histoire reprend quelque mois plus tard alors que John explique à Claire la venue d'une nouvelle planète nommée Mélancholia qui, auparavant cachée derrière le soleil, s'approche rapidement de la terre. Dans l'actualité, plusieurs personnes s'inquiètent d'une possible collision, mais John tente de rassurer Claire, les calculs des scientifiques ne laissant aucun doute sur le fait que Mélancholia n'entrera pas en contact avec la terre. À l'insu de John, Claire ne peut s'empêcher de faire des recherches sur Internet sur le sujet, étant paniquée à l'idée d'une collision entre les 2 planètes.



Justine, qui a rompu avec son mari, arrive en taxi chez sa sœur dans un état d'extrême fatigue souffrant toujours de dépression sévère. Claire et son fils de 10 ans Léo en prennent bien soin. On l'informe de la présence de Mélancholia qui devrait frôler la terre dans quelques jours. Pendant le rétablissement de Justine, certains phénomènes météorologiques et comportements étranges d’animaux se manifestent.



Mélancholia se rapproche à vue d'œil et John et Léo sont impatients de voir ce spectacle grandiose. Dans l'attente, le temps semble suspendu pour les 2 sœurs qui tentent un rapprochement malgré un climat extrêmement tendu. Justine semble complètement résignée et indifférente devant la situation, alors que Claire est sujette à de multiples crises d'anxiété. Alors que la planète se rapproche, un bruit assourdissant commence à se faire entendre et la musique de Wagner se fait de plus en plus présente. Cela amène à une finale de film tout à fait étourdissante, majestueuse et surtout inoubliable.




L’inspiration de Lars von Trier pour ce film provient d'épisodes dépressifs dont il a lui-même souffert. Tous les faits relatés dans le film, qui à première vue semblent invraisemblables, sont scientifiquement plausibles.


Le réalisateur Lars Von Trier a 65 ans. Il est reconnu comme l'un des réalisateurs les plus originaux, innovateurs, excentriques, et controversés de nos jours. Au cours de sa carrière, ses films ont raflé plus de 100 prix et ont été mis en nomination plus de 200 fois dans divers festivals à travers le monde. Notons que Von Trier a déjà gagné au Festival de Cannes la Palme d'or avec Dancer in the Dark (2000) mettant en vedette la chanteuse Björk, le prix du Jury pour Europa (1991), et le Grand prix du Jury pour Breaking the Waves (1996) avec Emily Watson dans le rôle principal. Ses autres films, c’est-à-dire The Elements of Crime (1984), The Idiots (1998), Dogville (2003) avec Nicole Kidman, Manderly (2005), Antichrist (2009) avec Charlotte Gainsbourg et Mélancholia (2011), ont tous été nommés pour la Palme d'or à Cannes. En fait, Mélancholia a été très bien reçu à Cannes et selon certains journalistes, a fait partie des films préférés pour remporter la Palme d'or.


Toutefois, le réalisateur a sabordé toutes ses chances lors de la conférence de presse qui a suivi le visionnement. Von Trier a énoncé des propos compatissant à propos d'Hitler, disant même qu'il le comprenait, tout cela comme pour provoquer l'assistance. Il a affirmé « à la blague », pour alimenter la controverse, qu'il était probablement un nazi, ce qui a créé le plus gros scandale que le Festival de Cannes n'a jamais connu. En fait, Lars Von Trier venait d'apprendre de sa mère mourante que son vrai père était de descendance allemande. Au début, il pensait que son père était juif allemand, mais il a découvert qu'il n'était pas juif et alors qu’il a dû être un nazi. Malgré de nombreuses excuses présentées au cours des jours suivants pour ses propos irréfléchis, Von Trier fût banni pendant 10 ans du Festival de Cannes. Toutefois, cela n'a pas empêché l'actrice Kirsten Dunst de remporter le trophée de la meilleure actrice à Cannes.


La Vidéothèque des voisins dispose d'une copie de Mélancholia sur support Blu-ray en version originale anglaise avec sous-titres français ou doublée en français.


À noter que le réseau des bibliothèques de la ville de Montréal possède 4 copies DVD et 4 copies blu-ray.


Enfin, la vidéothèque détient également les films suivants :

  • du réalisateur Lars Von Trier : Dancer in the Dark et Nymph()maniac

  • de la comédienne Kristen Duntz : Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004), Elizabethtown (2005), Marie Antoinette (2006) et Spiderman 1,2,3 (2002, 2004, 2007)

  • de la comédienne Charlotte Gainsbourg : Lemming (2005)

  • de la comédienne Charlotte Rampling : The Verdict (1982)

  • du comédien John Hurt: Rob Roy (1995) et Wild Bill (1995)


Mise en garde:

Regarder un film de Lars von Trier n'est pas de tout repos. Il utilise une caméra à l'épaule ou à la main pour suivre les comédiens. L'image bouge constamment et cela peut prendre quelques minutes avant de s'y habituer. Von Trier vise toujours la spontanéité du jeu des comédiens et ces derniers ne savent jamais où se trouve la caméra. De même le caméraman ne connait pas le scénario et doit suivre les comédiens comme dans un documentaire. On peut être déstabilisé par cette technique qui ressemble un peu à du cinéma amateur, mais c'est voulu. Lars von Trier et un autre grand réalisateur danois Thomas Vinterberg (Festen,1998) sont à l'origine du mouvement Dogma 95 qui dans son manifeste paru en 1995 privilégie une sobriété de l'image (sans effets spéciaux), une caméra dynamique, et un réalisme du jeu des comédiens qui se traduit par l'improvisation de plusieurs scènes.


Bon cinéma !








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