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Le temps d'un été : sensibilité et humanisme

Photo du rédacteur: Jean St-AmantJean St-Amant

SUGGESTION DU MOIS D'AOÛT 2023 /

Les 10 vacanciers du temps d'un été (avec le chien)

Si vous avez aimé le film Il pleuvait des oiseaux (2019) de Louise Archambault vous allez assurément adorer son dernier film Le temps d'un été (voir la bande-annonce), une comédie dramatique réalisée dans le même moule soit empreinte de sensibilité et d’humanisme.


Aumônier de rue et curé de paroisse depuis plus de 25 ans à Montréal, le prêtre Marc Coté (interprété par Patrice Robitaille) vient en aide aux pauvres et aux itinérants en hébergeant même des gens en difficulté dans son église. Toutefois l'église croule sous les dettes. Le prêtre n’arrive plus à payer les comptes et encore moins les coûteux travaux d’entretien et de restauration nécessaires.


Le ciel semble lui venir en aide lorsqu'il hérite d'une vaste propriété dans le Bas-Saint-Laurent, la région où il a grandi. Sur un coup de tête, le prêtre décide d'emmener un petit groupe de personnes sans-abris avec lui en vacances pour une période de 2 mois. Plusieurs des itinérants n'avaient jamais eu la chance de sortir en région, en dehors de la grande ville. La venue de ces vacanciers dans le petit village de Sainte-Blandine-sur-mer (en réalité Sainte-Luce-sur-Mer) viendra perturber la vie de certains habitants de la communauté.



On apprend au fil du film à connaître l'histoire de chaque personne de ce petit groupe et pourquoi chacune d’entre elles s’est retrouvée dans la rue. Tous ces personnages auxquels on s'attache rapidement sont interprétés par de magnifiques comédiens. Guy Nadon et Martin Dubreuil sont particulièrement magistraux dans leurs rôles. Nadon interprète un ancien avocat surnommé le Maitre, féru de poésie, qui revêt continuellement un vieil imperméable en guise de toge. Dubreuil joue le rôle d’un ancien militaire nommé Sam qui est en choc post-traumatique et peine à s'intégrer au groupe.


Madame Cécile, Le Maître, Mo, Julien, Angel, Sébast, Sam, Père Marc, Soeur Monique et Miali.

Madame Cécile (Louise Turcot), une vieille veuve esseulée et vulnérable, ne prononce pas un mot dans le film, mais réussit pourtant à communiquer toutes ses craintes dans ses yeux et ses agissements. Mo (Pierre Verville) qui a bamboché toute sa vie se retrouve malade et est soigné par Angel (Marc-André Leclerc), transgenre qui fuit son milieu à cause de son orientation sexuelle. La vie de trois jeunes y est aussi racontée, Sébast (Justin Leyrolles-Bouchard) qui a vécu d’un foyer d’accueil à l’autre, Miali (Océane Kitura Bohémier-Tootoo), une Inuite qui est venue tenter sa chance sans succès à Montréal, et Julien (Cedric Keka Shako), un réfugié du Congo en attente désespérément de ses papiers sous peine d'être expulsé. Le groupe est complété par sœur Monique (Élise Guilbault), collègue de Marc au presbytère, une ancienne religieuse dont la sagesse et la bonté sauront temporiser les conflits entre les personnages.



La distribution comprend d'autres excellents comédiens. Sébastien Ricard joue un ami d'enfance du prêtre Marc Coté et est mêlé au principal conflit qui se développe dans le film. En rôles secondaires, Normand Chouinard interprète le maire du village et Josée Deschesne la gérante du dépanneur. Gilbert Sicotte interprète l'ancien curé de la paroisse de Sainte-Blandine et a des échanges intéressants avec Marc Côté qui remettent en cause l'avenir de l'Église et de la prêtrise.



La trame sonore du film se compose de magnifiques chansons issues de différentes générations (Leonard Cohen, Patrick Watson, Pierre Kwenders) et de douce musique de piano (Alexandra Stréliski, The Lumineers, Lambert) qui font du bien à l'âme.


La scénariste Marie Vien s’est basée sur ses années de bénévolat à la Maison du Père pour brosser le portrait de cette bande de personnes sans-abri. Mathieu Laverdière à la photographie a su capter aussi bien la beauté majestueuse du fleuve et les paysages magnifiques du Bas-Saint-Laurent que la misère des itinérants dans les ruelles de Montréal. À première vue on pourrait croire que la réalisation a quelque peu exagéré la situation des itinérants à Montréal. Mais non, malheureusement les dernières images aux nouvelles cet été nous montrent que la situation à Montréal s’aggrave et ressemble de plus en plus à celle du Downtown Eastside à Vancouver.


Ce film est le 6e long métrage de Louise Archambault. Ses 2 derniers films, Il pleuvait des oiseaux et Merci pour tout, sont sortis tous 2 en 2019 juste avant la pandémie et avaient été très bien accueillis par les critiques et le public.


La réalisatrice Louise Archambault

La première mondiale du film Le temps d’un été a eu lieu le 4 juillet à Rimouski à quelques kilomètres d’où le film a été tourné (Sainte-Luce-sur-Mer et Métis-sur-Mer). Le film a récolté des recettes de plus de 1 million $ après seulement 2 semaines en salle ce qui est excellent pour un film québécois. Le film est présentement à l'affiche dans plusieurs cinémas à Montréal (voir l'horaire).



La Filmothèque des voisins dispose de 4 autres films réalisés par Louise Archambault :


La filmothèque possède également plusieurs films d'acteurs qui jouent dans Le temps d'un été :


Patrice Robitaille : L'Ange de goudron (2001) / Québec-Montréal (2002) / Le Survenant (2005) / Horloge biologique (2005) / Maurice Richard (2005) / Miss Météo (2005) / Cheech (2006) / Un Été sans point ni coup sûr (2008) / Les Doigts croches (2009) / Y'en aura pas de facile (2010) / Le Poil de la bête (2010) / Frisson des collines (2011) / La Petite Reine (2014) / Paul à Québec (2015) / Le Mirage (2015) / De Père en flic 2 (2017) / Junior majeur (2017)


Élise Guilbault : La Neuvaine (2005) / La Donation (2009)


Guy Nadon : Cabotins (2010) / Les Pee-Wee 3D (2012) / Junior majeur (2017) / Merci pour tout (2019)



Sébastien Ricard : 15 février 1839 (2001) / Les Invasions barbares (2002) / Histoire de famille (2006) / Dédé à travers les brumes (2009) / Gabrielle (2013)



Louise Turcot : Idole instantanée (2005), Liverpool (2011) / Les Êtres chers (2014)


Josée Deschesnes : Les Aimants (2004) , La Petite Reine (2014)



Bon cinéma !


Un gros merci à ma conjointe Barbara pour son travail de révision et de correction.

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