Ennio : l'inoubliable musique de Morricone

SUGGESTION DU MOIS DE DÉCEMBRE 2022 /

J’aimerais vous faire découvrir un documentaire qui a été mon coup de cœur de l'année. Ennio (voir la bande-annonce) nous révèle la carrière et le processus de création du plus grand compositeur de musique de films de tous les temps, Ennio Morricone. Décédé en 2020 à l'âge de 91 ans, il est l'auteur de plus de 500 musiques de films et de téléfilms au cours d'une période de plus de 50 ans. Devenu célèbre grâce à sa collaboration avec Sergio Leone (un collègue de classe au primaire) dans la réalisation de ses « westerns spaghettis », Morricone a par la suite composé des musiques pour les plus grands réalisateurs de cinéma, dont Terrence Malick, Brian de Palma, Pedro Almodovar, Pier Paolo Pasolini, Roland Joffé, John Carpenter et les frères Taviani.

Morricone chez lui dans son bureau de travail

Le film Ennio est réalisé par le célèbre cinéaste italien Giusseppe Tornatore (bien connu pour son envoûtant Cinéma Paradiso), qui a collaboré avec Morricone pour ses 12 autres films. Tornatore a pris 7 ans pour réaliser ce documentaire. Le film est construit autour d'une longue entrevue, Tornatore ayant interviewé le compositeur pendant 11 jours. De l’entrevue il a conservé plus de 40 heures d'entretien. Il a également recueilli les témoignages de nombreux réalisateurs (Quentin Tarantino, Bernardo Bertolucci, Oliver Stone, Barry Levinson), acteurs (Clint Eastwood, Robert De Niro), chanteurs et musiciens (Bruce Springsteen, Joan Baez, Pat Metheny, Quincy Jones, John Williams et Hans Zimmer) qui ont tous été grandement influencés par le compositeur. À travers tous ces témoignages, le documentaire est ponctué d'images d'archives et de superbes extraits sonores et visuels de ses films, ce qui rend Ennio tout à fait fascinant à regarder.

Morricone nous raconte sa vision de la musique au cinéma

Morricone rêvait de devenir médecin. Son père qui était musicien a plutôt insisté qu’il apprenne la musique et en particulier la trompette (comme lui). Il fait ses études au conservatoire en musique classique, mais s'intéresse rapidement à la musique de film et à la recherche de nouvelles sonorités. Son professeur Petrassi n'accepte pas que Morricone s'abaisse à composer de la musique de film (une musique snobée par plusieurs) alors qu'il aurait pu devenir « un compositeur sérieux ». Morricone en était toujours affecté et même un peu complexé. Malgré que Morricone a travaillé à maintes reprises en Amérique, on apprend dans le film qu'il gardait un rapport ambigu avec Hollywood qui n'avait jamais reconnu sa musique à sa juste valeur. Il n'a été consacré aux Oscars qu'à la toute fin de sa carrière.

Morricone se voit finalement attribuer un Oscar en 2016 à la toute fin de sa carrière pour le film «Les huits salopards» de Quentin Tarentino

Pourquoi voir ce film? Premièrement, pour la musique de Morricone qui est magnifique et inoubliable. Les extraits des films The Mission, Cinéma Paradiso, Il était une fois dans l'ouest et Il était une fois en Amérique sauront raviver en vous les plus belles musiques que vous ayez entendues au cinéma . Deuxièmement, pour la qualité des témoignages. Ce que nous raconte Morricone est tout à fait passionnant et éducatif. Par exemple, lorsqu'il nous explique comment il a composé la musique de The Mission, en juxtaposant les 3 thèmes sonores, et comment il en est venu à imiter le son du coyote dans Le bon, la brute et le truand. Ou encore lorsque les personnes interviewées parlent de la musique de Morricone et la compare à celle de Bach ou de Mozart. Enfin, pour la réalisation de ce film qui dure 2 heures et 45 minutes, mais qui passe sans qu'on s'en aperçoive. On en demanderait même encore.

Toutefois, je dois avouer que c’est un peu exténuant de bien saisir tous les détails de ce film qui présente un montage serré où apparaissent à un rythme soutenu les entrevues, les extraits de films et une multitude d'informations à visionner et à lire. Mais on est complètement absorbés par l'histoire, et les extraits sonores et visuels nous enchantent. Un documentaire à ne pas manquer pour les cinéphiles, sans aucun doute.

Le film a été présenté à quelques reprises cet automne dans le cadre du Festival du cinéma italien de Montréal. Il sortira finalement en salle au cinéma Beaubien à partir du 9 décembre, en version originale (italien et anglais) sous-titrée en français.

La Filmothèque des voisins dispose de plusieurs films dont la musique a été composée par Ennio Morricone :

The Good, the Bad and the Ugly (1966), Once Upon a Time in the West (1968), 1900 (1976), Days of Heaven (1978), La Cage aux Folles (1978), Once Upon a Time in America (1984), The Mission (1986), The Untouchables (1987), Frantic (1988), Cinema Paradiso (1988), Bugsy (1991), The Legend of 1900 (1998), Vatel (2000), Malena (2000) et The Hateful Eight (2015).

Bon cinéma !

Un gros merci à ma conjointe Barbara pour son travail de révision et de correction.