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Days of Heaven : pour la musique de Morricone et surtout la beauté des images

Photo du rédacteur: Jean St-AmantJean St-Amant

Dernière mise à jour : 11 mai 2021

SUGGESTION DU MOIS : AOÛT 2020

Ennio Morricone, l'un des plus célèbres compositeurs de musique de film de tous les temps (Il était une fois dans l'ouest, Cinéma Paradiso, The Mission etc.), est décédé tout récemment. En examinant sa musicographie, j'ai été surpris de constater qu'il était aussi le compositeur de la musique du film Days of Heaven (1978) de Terrence Malick. C'est l'un des films qui m'a le plus marqué dans ma vie, ceci autant pour le scénario que pour la beauté de la cinématographie. D'ailleurs plusieurs critiques de cinéma sont d'avis qu'esthétiquement c'est l'un des plus beaux fims réalisés au cours du XXe siècle. Et la trame sonore est tout a fait remarquable. Morricone s'est inspiré de la très belle pièce Aquarium du Carnaval des animaux de Saint-Saens. Elle joue en ouverture du film et est reprise sous différentes variations tout au cours du long métrage.

Terrence Malick est assurément le cinéaste qui a le parcours de carrière le plus étonnant. Malick obtient un baccalauréat en philosophie à l'Université de Harvard avec la plus haute distinction. Puis, détenteur d'une bourse Rhodes, il se rend à l'université d'Oxford à Londres pour y compléter sa maîtrise, sa thèse portant sur le concept du monde dans les oeuvres de Kierkegaard, Heidegger, and Wittgenstein. Par la suite, de retour aux États-Unis, il enseigne la philosophie au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et sera journaliste pigiste pour The New Yorker, Newsweek et Life. C'est à l'âge de 27 ans qu'il s'adonne à la scénarisation et à la réalisation 4 ans plus tard.

Dès son premier film Badlands (1973), mettant en vedette Sissy Spacek et Martin Sheen, Malick est encensé par la critique. En 1976, il entreprend le tournage de Days of Heaven (Les moissons du ciel) Le film nécessitera 72 jours de tournage et le montage lui prendra 2 ans. Au départ, Malick souhaitait confier les rôles principaux à Dustin Hoffman et à Al Pacino

mais il a dû se rabattre sur Richard Gere et Sam Sheppard, tous deux dans leur premier rôle au cinéma. Brook Adams et Linda Manz y font également leurs débuts. Cette dernière, qui joue une jeune adolescente, sera appelée au cours du tournage à devenir la narratrice (en voix off) du film.

L'action du film se situe en 1916. Bill (Richard Gere) tue accidentellement son boss à l'usine où il travaille à Chicago. Il doit fuir vers le sud avec sa petite soeur Linda et son amie de coeur Abby, qui se fait passer pour sa grande soeur afin d'éviter des problèmes. Ils se rendent en train jusqu'au Texas et les trois se font engager par un jeune et riche fermier (Sam Sheppard) pour faire les récoltes de blé. Le fermier est célibataire et à l'oeil sur Abby. Bill élaborera un plan pour quitter leur monde de misère mais cela ne se passera pas comme prévu.

Le film est tourné dans les prairies canadiennes au sud de Lethbridge en Alberta. On y construit un faux manoir au milieu des champs de blé. Une bonne partie des images du film sont tournées à l'aube ou durant le « magic hour », soit le moment juste après le coucher du soleil et avant la tombée de la nuit. La cinématographie est donc incroyablement belle, notamment les scènes des travailleurs dans les champs de blé, lors d'une infestation de sauterelles et d'un l'incendie en pleine la nuit.

La qualité de la photographie a été reconnu aux Academy Awards puisque le film obtint l'Oscar de la meilleure cinématographie. Au Festival de Cannes, Terrence Malick s'est vu décerné le prix de la meilleure réalisation.

À noter que Malick est un réalisateur et scénariste atypique qui met beaucoup de temps à écrire et réaliser ses films. Après Days of Heaven, il disparait des plateaux. Il prend vingt ans avant de réaliser son troisième film The Thin Red Line (1998), gagnant de l'Ours d'or au Festival de Berlin. Puis 7 autres années pour produire son quatrième film The New World (2005). Enfin, 6 ans plus tard, il sera consacré à Cannes en remportant la Palme d'or avec son 5e film, The Tree of Life (2011). Ses sept longs métrages sont souvent considérés comme des œuvres majeures du cinéma américain.

Le cinéaste est entouré d'une aura de mystère, car ses apparitions en public et ses interviews sont extrêmement rares. Selon certains, il peut être assez tyrannique et exigeant sur le plateau de tournage. L'oeuvre de Malick repose sur sa perspective philosophique. Avec ses remarquables images, l'utilisation d'une voix off poétique dans presque tous ses films et les réflexions méditatives, le cinéma de Malick invitent effectivement à un engagement philosophique. Il a développé un rapport particulier à la nature et aux grands espaces, une caractéristique majeure de son travail cinématographique. Ses films reposent sur l'intériorité des personnages et ne sont pas toujours facile d'accès au grand public, qui peut trouver son cinéma trop lent ou trop intellectuel. Malgré de bonnes critiques et les prix remportés, Days of Heaven a été un échec commercial ne rapportant que 3,4 millions $ alors qu'il en a coûté presque le même prix (3 millions $) pour le réaliser.

Days of Heaven est maintenant considéré comme un classique du cinéma. Criterion Collection a restauré le film et a produit une version Blu-ray remastérisé en 2010 (que je n'ai malheureusement pas encore réussi à obtenir à un prix décent). Le Ciné-club des voisins dispose toutefois d'une copie DVD en langue originale et en version doublée en français.


Un film à voir et à revoir pour la beauté de sa cinématographie.


Pour réservation à la Filmothèque des voisins: 514-745-8782 bjss@videotron.ca


Par ailleurs, la version Blu-ray est disponible dans le réseau des bibliothèques de la Ville de Montréal.


La filmothèque dispose aussi d'un autre film de Terrence Malick: The Thin Red Line

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