L'autre soir je « zappais » sur ma télécommande et je suis tombé sur un ancien documentaire de l'ONF, César et son canot d'écorce, sur la chaîne MAtv. À l'écran, un homme venait de couper un énorme bouleau et commençait à en retirer l'écorce avec un art et une patience presque incroyable. C'était tellement captivant que je suis resté figé, presque hypnotisé, pendant près d'une heure. J'ai suivi attentivement toutes les étapes qu'il effectue pour construire un magnifique canot d'écorce, et ce, avec un matériel et des outils plus que rudimentaires (hache, couteau, poinçon). On est vraiment étonné par la dextérité, la patience et le talent de César, cet Atikamekw de la réserve Manouane en Haute-
Mauricie, qui construit un canot d'écorce à la manière d'antan, n'utilisant que l'écorce du bouleau, les planches de cèdres, les racines de sapin et la sève gommante. Il va même jusqu'à prendre le soin de teindre son canot pour y ajouter des éléments décoratifs et artistiques tels des ornements et des dessins animaliers. À noter que le film est sans paroles et sans commentaires, on n'entend que le bruit des jeunes enfants qui jouent à proximité et qui viennent voir de temps en temps le travail remarquable de leur père.
Le film a été réalisé en 1971 par le réalisateur et cinéaste documentariste Bernard Gosselin qui a travaillé avec tous les grands réalisateurs québécois de l'époque : Arcand, Héroux, Jutras, Brault, Perreault, Labrecque. Les images sont du célèbre directeur photo Pierre Mignot qui faisait ses débuts derrière la caméra.
Le film est disponible sur le site de l'ONF. Je le recommande vivement à ceux et celles qui veulent découvrir cet art autochtone qui remonte à plusieurs siècles et qui a été au cœur des déplacements et du commerce des fourrures en Nouvelle-France.
Gosselin a réalisé quelques années plus tard un autre film, presque aussi fascinant, sur la fabrication de canot par des artisans de L'Île-aux-Coudres : Le Canot à Renald à Thomas (1979). On se rappelle qu’à une époque pas si lointaine, le canot était l'unique moyen de transport des insulaires coudrilois pour se rendre sur la terre ferme, été comme hiver.
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